Lili, personnage principal du roman, quitte Manosque pour Kodiak (Alaska). À bord d’un de ces bateaux qui vont pêcher la morue noire, le flétan, le crabe il y a une place pour elle. Existence âpre et rude, sur le bateau on donne tout, homme, femme quelle importance, c’est une équipe soudée autour du skipper. « Des hommes ensemble, unis vers la même chose » explique-t-elle. Les gestes de chacun engagent les autres parfois jusqu’au risque fatal. Au retour de pêche, elle va, elle aussi, « repeindre la ville en rouge » (boire de bars en bars).

Une grande partie du livre décrit des scènes de pêche : ivresse du travail, de l’engagement, de la fatigue, le danger toujours là. Phrases courtes, descriptions crues, texte au présent, on est emporté par l’action et par la musique du texte.
Puis l’histoire d’amour, avec Jude, c’est le grand marin, avec lequel elle a fait une campagne de pêche et qui l’impressionnait énormément. Une histoire d’amour qui n’a rien de classique, un peu sauvage elle aussi.
Lili parle régulièrement de son projet de rejoindre Pointe Barrow (pointe septentrionale de l’Alaska), pour laisser pendre les jambes au bord du bout du monde. « C’est beau d’avoir des images. » nous dit-elle, même si elle ne l’a finalement jamais fait.
L’écouter est aussi un plaisir, elle ne craint pas les silences. Parfois elle cherche le mot juste et on a l’impression qu’il sort directement de son cœur. Quand elle lit son propre texte, avec une voix douce, elle lui donne de l’épaisseur.

Son livre connaît déjà un grand succès. Plusieurs critiques littéraires affirment que London, Kerouac, Conrad auraient trouvé à qui parler…
Pour Catherine, la matière ne manque pas pour de nouveaux romans : « Tout ce que j’ai à l’intérieur, toutes ces choses du monde que j’ai vues, il faut sortir tout ça… Je n’aurai pas assez du restant de ma vie… ». Mais elle tient à garder les pieds sur terre, elle continuera donc de travailler. Elle a besoin de cette activité physique, qui l’ancre dans la réalité.

Monique SAUVAJON, participante aux ateliers d’écriture