Depuis plus de vingt ans, je suis un inconditionnel des polars de Michael Connelly et de ses héros, Terry Mc Caleb ou Harry Bosch, policiers enquêteurs de la côte ouest des États-Unis.

Dans Jusqu’à l’impensable, Bosch en disgrâce du LAPD (Los Angeles Police Department) – lire Mariachi Plaza pour en connaître les raisons – est chargé par son frère avocat de l’aider à innocenter un homme accusé d’avoir tué la femme du shérif adjoint d’Hollywood West. Malgré une preuve accablante, on se doute que Bosch démolira les arguments de culpabilité.

L’intérêt des polars de Connelly ne se cherche pas en général dans le suspense du dénouement ni même dans le caractère indompté et attachant du policier. Tandis que d’autres auteurs vont prétexter le format de l’énigme policière pour peindre la société d’un pays, d’une époque ou encore un milieu social, l’auteur préfère nous plonger dans les fonctionnements complexes, procéduriers de la police et de la justice californiennes, souvent en opposition, comme coupables et innocents. Mais, par-dessus tout, ce qui est fascinant dans ses polars, c’est son aptitude à bâtir le récit avec une précision millimétrée, souvent à partir d’un indice apparemment mineur ou d’une intuition têtue de son héros.

Certains auteurs, peu scrupuleux, vont créer leur histoire uniquement sur une idée originale de coupable ou de mobile et, paresseusement, remplir des pages, pour ne révéler cette idée qu’au final. Chez Connelly, (quasiment) pas de « gras », comme dans une nouvelle, on avance avec confiance dans l’enquête de Bosch, par petits sauts de puce obstinés et c’est cette construction qui est la passionnante marque de fabrique de cet écrivain.

Bonne lecture

Philippe Menez